Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes de 2001 à 2014 et premier soutien du FIFFH, revient, lors d’un entretien à un mois du festival, sur sa passion pour les films de fiction historique ainsi que sur ses principaux coups de cœur.

Si vous deviez citer un film de fiction historique qui vous a marqué dans votre jeunesse, lequel citeriez-vous et en quoi vous a-t-il marqué ?

La Marseillaise. Parce que le talent de Jean Renoir, nous changeant des stéréotypes, en fait un film profondément humain. Le travail à la caméra et sur l’acteur – particulièrement son frère Pierre – laisse une trace ineffaçable, même après des années.

Quels films marquants de cette thématique, découverts à Cannes, ont marqué leur époque par un regard posé sur une période historique à un moment précis ?

L’homme de fer et L’homme de marbre, signés par le même Wajda, qui ont tous deux représenté un moment important de l’Histoire polonaise récente, Solidarnosc, Walesa, etc., dans un style de cinéma très « actualités », caméra à l’épaule, recadrages incessants, acteurs parfaits : du cinéma moderne sur l’Histoire en train de s’écrire.

Comment peut-on expliquer le caractère « éternel » de certaines fictions historiques ?

Le caractère éternel d’une œuvre d’art ne s’explique que d’une manière : le talent. Je le placerai avant la vérité historique, étant entendu qu’il est plus facile de reconstituer d’après tableau ancien la cotte de mailles d’un chevalier que la gâche de la serrure que bricole Louis XVI au lieu de s’occuper de son peuple affamé.

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Le message perçu dans une fiction est-il différent de celui d’un documentaire de la même thématique ?

Ce qui m’intéresse, c’est que la fiction soit tournée comme un documentaire (ex. : L’aurore de F. Murnau, scène du petit cochon évadé) et qu’un documentaire le soit comme une fiction (L’homme à la caméra de D. Vertov).

Pourrait-on dire que la fiction historique est un genre cinématographique universel qui s’inscrit dans l’Histoire, mais aussi dans l’avenir du cinéma ?

Oui, puisqu’il s’intéresse au destin des hommes.

 

Propos recueillis lors d’un entretien le 10 août 2015

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